Je ne peux m’empêcher de vous conter le quotidien tenacement gascon et écologique
du petit village que nous avons la chance d’habiter, Lasséran .
En plein hiver quand nous étions sous les gros abats d’eau,
une grosse machine a rasé en une journée l’équivalent de 10 terrains de foot de futaies et bord de champs
ainsi qu’un bout de la haie qui faisait le charme de notre chemin de randonnée .
Ce printemps, il y a 8 jours, sous la houlette d’une fille revenue en télétravail au pays,
les Lasséranais viennent de replanter 500 m de haies en bord du même chemin.
C’était la meilleure réponse, non prévue mais concomitante ,
à ces cadavres d’arbres et d’arbustes qui gisent aux bord du chemin
avec le panonceau : “pour chaudière à copeaux, chauffage agroécologique !”
Depuis 4 semaines nous avons vu jaunir puis devenir tout rouge, au bas du village
deux immenses champs que traverse la nationale Auch -Tarbes;
Dans le même timing, sans qu’il y ait de lien historique,
le Conseil Municipal inaugurait ce samedi 27 mars à la salle des fêtes
une très bonne expo “O Phyto dans mon village “
Devant la dissonance de la situation
capable de transformer cette délicate approche pédagogique
en grossier greenwashing local, ce samedi matin-là ,
dans le dédale des panneaux de l’exposition ,
un groupe de lasséranais(es) décide de délocaliser la
” sensibilisation” dans le champ rouge du bord de nationale, en bas du village:
Sur la nationale en bas de Lasséran
tous les matins entre 7h et 10 heures, les voitures se touchent.
Depuis ce lundi matin 22 mars, leurs chauffeurs ont l’opportunité de comprendre
la différence entre un désherbant sélectif dans un champ de blé
(qui ne signe pas son crime car le vert du blé noie les cadavres d’adventices )
et le diabolique désherbant total encore autorisé en agriculture,
le Round UP , glyphosate de son petit nom
Ils comprennent que c’est bien lui qui a défolié tous les végétaux de la prairie
mais tout aussitôt ils constatent la résilience des 5 fois deux tiges de bambous
que les Lasséranais ont plantés au beau milieu du champ
en guise de cohérence pédagogique et de détermination citoyenne.
Ce mercredi 30 Mars au soir les bambous se portent très bien
et chaque jour qui passe sonne le glas du glyphosate
tant grande est la honte de l’agriculteur qui n’ose pas retirer les 5 panneaux .
Un administré indigné